Je suis une grugeuse d’asphalte. Je cours trop peu en sentier pour l’amoureuse de la nature que je suis. Chaque fois que je retourne courir en forêt je suis émerveillée par ce que cela m’apporte. C’est complètement différent du feeling de ma course sur route. Je dis souvent que je me perds dans ma tête en course de longue distance et c’est vrai. Ça fait tant d’années que je cours les petits racoins de mon quartier n’ont plus de secrets pour moi. Je me sens super en sécurité et je sais ou je m'en vais. Les endorphines arrivent tellement rapidement maintenant que je me détache de ce corps plein d’arthrite même si je reste bien branchée sur les signaux qu’ils m’envoient. Je suis en mode moment présent, ressentir l’ivresse monter, sentir mon cœur s’accélérer, m'écouter respirer et savourer. Ce sont toujours des moments de profonde plénitude.
C’est tellement tout autre en forêt. J’ai les chevilles hyper fragilisées par ma polyarthrite. Je dois réellement porter des chaussures de trail, pour m’assurer d’une meilleure stabilité et diminuer les risques de blessures. Me perdre dans ma tête, pas encore. Je suis tellement focus sur le sol. Je suis hyper alerte, je prends garde aux racines cachées sous les feuilles, aux roches sur le parcours et fais super attention de ne pas glisser. Mais citron que ça sent bon. En ce matin gris d’octobre, la pluie s’amuse à se changer en neige de temps à autre, les pistes sont boueuses mais j’ai comme l’impression d’être dans une forêt enchantée. Les couleurs, juste WOW. Est-ce parce qu’il reste peu de feuilles dans les arbres, mais celles qui y sont ressortent tant.
Dès que je suis seule, je ralentis le tempo pour m’imbiber de toutes ses beautés et je me rends compte à quel point, si je me laisse transporter, la force de la nature me frappe. La force, oui mais la douceur à la fois aussi, un heureux mélange. Impossible de penser à autre chose pour moi, qu’au simple bonheur. Je fais toujours le même parcours, c’est plus rassurant pour la fille que je suis et qui ne possède aucun sens de l’orientation. Je ne veux pas de stress, je veux pouvoir m’abandonner, prendre des grosses bouchées de bonheur et savourer pleinement ce nouveau goût pour la forêt que je développe de plus en plus et je trouve que cette plénitude qui m'habite en course a une plus grande profondeur en fôret.
Le plaisir pour les yeux est triplé, tous les sens encore plus aiguisés et j’ai tout autant cette paix intérieure procurée par le simple et pur bonheur de gambader. La course m’apaise et le faire dans la forêt enchantée me fait réaliser encore plus à quel point c’est un énorme privilège de pouvoir encore mettre un pied devant l’autre et de choisir la liberté.J'y retournerai oui, m'y abreuver, m'y ressourcer et pourquoi pas m'y perdre.
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